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Terre de Rencontres dans la Métropole de Lyon

Retour à la liste 21 / 05 / 2025

La Safer AuRA organisait ce vendredi 16 mai 2025 à Quincieux, une table ronde sur les nouvelles formes collectives d’exploitations agricoles.

Terre de Rencontres : De l'installation agricole individuelle à collective

Une rencontre organisée par la Safer AuRA, en partenariat avec la Chambre d’agriculture du Rhône, la Métropole de Lyon, Les Fermes Partagées et la Banque des Territoires. L'objectif ? Valoriser des parcours d’installation agricole sur le territoire, croiser les expériences, partager les leviers, et identifier ensemble les conditions de réussite pour des projets agricoles durables et sécurisés.

Pour commencer, Stéphane PEILLET, vice-président de la Safer AuRA dans la Métropole de Lyon et Jérémy CAMUS, Vice-président de la Métropole de Lyon délégué à l'agriculture, l'alimentation et la résilience du territoire ont introduit la rencontre. Ensuite, Céline VARENNE SOUCHON a animé la table ronde.

Les intervenants :
  • Stéphane PEILLET : Vice-Président de la Safer AuRA– Métropole de Lyon, agriculteur et élu à la Chambre d’Agriculture du Rhône
  • Jérémy CAMUS : Vice-Président Métropole de Lyon, délégué à l’agriculture, l’alimentation et la résilience du territoire
  • Delphine SERRET : Conseillère Installation - Chambre d’Agriculture du Rhône
  • Véronique VILLALTA : Conseillère Transmission - Chambre d’Agriculture du Rhône
  • Yoann FOUASSIER : Conseiller d'entreprise à l'installation- Chambre d'Agriculture du Rhône
  • Audrey DELALOY : Directrice Départementale de la Safer AuRA - Métropole de Lyon
  • Joanna PATISSIER : Ingénieure foncier Safer AuRA - Métropole de Lyon
  • Sophie DUTHEIL : Conseillère foncier - Safer AuRA Métropole de Lyon
  • Céline RIOLO : Co-Directrice Les Fermes Partagées
  • Joris GIAI CHECA : Responsable Développement Marketing & Commercial – Safer AuRA
  • Patricia VORNICH : Responsable du service agriculture alimentation - Métropole de Lyon
  • Pascale PINEAU : Responsable investissements Direction Régionale AuRA, Banque des Territoires - Caisse des dépôts
  • Claire CORBEL : Formatrice Responsable d’Exploitation Agricole en maraîchage biologique - CFPH Ecully
  • Nicolas BRULARD : Paysan - Président-Fondateur de la ferme coopérative - Le Courtil de Quincieux et Consultant-Chercheur indépendant en agroéconomie

Trois temps forts : Regards croisés sur trois projets d'installation

Une installation individuelle : Marie MULTIN à Vaulx-en-Velin

Marie MULTIN incarne un parcours d'installation individuelle classique mais singulier. En effet, elle a choisi de se lancer à 39 ans, un âge où les aides à l’installation, comme la Dotation Jeune Agriculteur (DJA), sont plus difficiles à mobiliser.

Accompagnée par la Chambre d’agriculture du Rhône, elle a pu bénéficier d’un parcours individualisé lui permettant de structurer son projet techniquement. Elle porte un projet en maraîchage sur une surface de 7 hectares. Son installation a également été soutenue par la Safer sur le volet foncier en lien étroit avec la ville de Vaulx-en-Velin, propriétaire des terres exploitées par Marie et gérées par la Safer.

Malgré les freins liés à la reconversion professionnelle, à l’accès au foncier et aux dispositifs d’aide, Marie a pu concrétiser son projet grâce à sa détermination, à ses compétences déjà acquises, et à l’engagement conjoint de plusieurs partenaires institutionnels.

Les aides PENAP de la Métropole de Lyon seront un soutien indispensable à l'exploitation notamment pour sa mécanisation.

Marie sera très vite sur les marchés, notamment celui du Mas du Taureau d'ici quelques semaines.

Une reprise collective et coopérative : La Ferme de Lyon

Le projet de la Ferme de Lyon s’inscrit dans une démarche de reprise collective de la ferme Perrault, la dernière ferme encore en activité à l’intérieur même de la ville. Située entre le 9ᵉ arrondissement de Lyon et Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, cette ferme faisait face à plusieurs défis : une transmission complexe avec une importante indivision du foncier, des enjeux de sécurisation de filière et de redéfinition des activités agricoles (verger vieillissant).

L’accompagnement par Les Fermes Partagées a permis de structurer un projet coopératif reposant sur la création d’une SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif). Cette structure a permis d’impliquer citoyens, collectivités et distributeurs dans la reprise, en vue de développer des activités diversifiées : maraîchage, élevage et arboriculture.

Si la forme juridique choisie n’a pas permis de recourir à la DJA, le projet a surmonté les obstacles grâce à la médiation de la Safer sur le volet foncier, qui a abouti à la signature d’une convention de mise à disposition par l’ensemble des nombreux membres de l'indivision. Le financement a également été complété par l’implication des collectivités locales et un soutien de La Nef, coopérative financière éthique. Ce projet exemplaire démontre que d’autres modèles de transmission agricole sont possibles en milieu urbain.

Il est important de saluer un engagement fort des propriétaires du site lyonnais qui ont eu à coeur, sur 3 générations, de maintenir ce site en exploitation agricole.

Une installation progressive et collective : Le Courtil de Quincieux

La ferme du Courtil de Quincieux illustre un projet d’installation progressive, passant d’un porteur de projet initial à une véritable aventure collective. Nicolas BRULARD s’est installé début 2023, reprenant une exploitation suite au départ à la retraite des anciens exploitants. Bénéficiant d’un accompagnement individuel par la Chambre d’agriculture du Rhône, il a pu accéder à la DJA.

Dès le début, son projet portait une ambition collective : un groupe de cinq personnes s’est formé en 2022, appuyé par Les Fermes Partagées dans le cadre d’un accompagnement financé par la Métropole de Lyon. Ensuite, en mars 2024, l’EARL initiale a été transformée en SCIC pour permettre l’arrivée des nouveaux associés.

Aujourd’hui, le Courtil de Quincieux regroupe désormais six porteurs de projet et développe une agriculture diversifiée (maraîchage, arboriculture, cultures de plein champ, plantes aromatiques, apiculture), en cours de conversion vers le bio.

La commercialisation est multiple : vente directe, marchés, AMAP, mais aussi cantines scolaires locales. Ce projet a également su mobiliser un large panel de financements publics : notamment la Région et l’Europe à travers le programme FEADER (forage, irrigation, serres), la Métropole via le dispositif 104 et les aides PENAP. Le Courtil de Quincieux démontre qu’un projet peut croître collectivement dans le temps, en s’appuyant sur des montages innovants et une forte cohésion entre les acteurs.

Ces trois récits, portés par des acteurs engagés, illustrent la diversité des installations agricoles possibles aujourd’hui, qui imposent une sécurisation du foncier et un engagement des propriétaires : du projet individuel à l’initiative collective en SCIC, du conventionnel au bio en passant par une hybridation d’activités.

Les 10 enseignements à retenir pour des projets agricoles durables

1. Valoriser la diversité des parcours, des profils et des formes d’installation

Tous les projets ont leur place : individuels ou collectifs, jeunes installés ou en reconversion, conventionnels ou bio, SCIC ou statut agricole classique. Cette pluralité est une richesse à cultiver pour le territoire métropolitain.

2. Offrir un accompagnement sur-mesure à chaque étape

La Chambre d’Agriculture du Rhône, la Safer, la Métropole, le Syndicat Mixte des Plaines Mont d'Or, l'ADDEAR et leurs partenaires (Fermes partagées, Terre de Liens...) accompagnent depuis la définition du projet jusqu’à sa concrétisation (orientation, immersion, formation, aide à la recherche de foncier et de financements, sécurisation juridique et foncière…).

3. Faciliter l’expérimentation avant l’installation

Les espaces-test agricoles, les pépinières ou encore les fermes pédagogiques permettent aux porteurs de tester leur projet, leur modèle économique, de se former à d’autres modèles et de se confronter à toutes les dimensions du projet de Foncier à la distribution.

4. Mieux faire connaître les SCIC et autres modèles coopératifs

La SCIC est un levier structurant pour les projets collectifs. Elle facilite l’intégration progressive de nouveaux associés, encourage la gouvernance partagée, permet de rassembler des acteurs variés (producteurs, collectivités, citoyens, distributeurs), de faciliter la transmission et de mutualiser les risques et investissements. Toutefois, il reste un enjeu de reconnaissance institutionnelle, notamment pour l'accès aux aides comme la DJA.

5. Favoriser la confiance et la coopération entre partenaires

La mise en œuvre de solutions durables et adaptables repose sur une coordination étroite entre les collectivités, les opérateurs fonciers, les financeurs et les structures d’accompagnement.

Le groupe de travail « Installation et Transmission », animé par la Métropole, en est une illustration concrète.

Par ailleurs, la Safer développe l’outil « Saf'inance », conçu pour rendre plus accessible et mobilisable l’ensemble des dispositifs existants. En phase de test, auprès des conseillers fonciers, cet outil a vocation à être ouvert à l’ensemble des acteurs concernés, notamment des porteurs de projets, afin de renforcer l’efficacité collective.

6. Mobiliser des financements adaptés et articulés

Les porteurs de projets peuvent bénéficier de soutiens variés, tels que des subventions européennes via le FEADER, fonds PENAP, dispositifs régionaux (tels que les dispositifs 104, 101), appui de la Banque des Territoires ou encore financements apportés par des collectivités locales.

Ces ressources, complémentaires, prennent tout leur sens lorsqu’elles s’inscrivent dans une logique de partenariat. En effet, la plupart de ces dispositifs nécessitent un engagement conjoint : les subventions européennes, par exemple, sont conditionnées à la participation financière des collectivités et une déclinaison d'outils comme ceux de la sécurisation foncière de la Safer.

De la même manière, l’intervention de la Banque des Territoires suppose systématiquement la mobilisation d’un co-financeur, qu’il s’agisse de France Active, d’une banque classique ou d’un fonds à impact. C’est bien l’action coordonnée de l’ensemble des partenaires qui permet d’assurer la viabilité économique des projets et la pérennité de l’activité agricole.

7. Anticiper les transmissions, les départs, les installations

Assurer la pérennité de l’activité agricole nécessite une véritable démarche d’anticipation. Du côté des porteurs de projet, cela passe par une structuration en amont de leur parcours et la sécurisation de leur accès au foncier. Du côté des cédants, il s’agit de préparer suffisamment tôt la transmission de leur exploitation. La rencontre entre cédants et repreneurs est une étape clé, qui ne s’improvise pas.

Pour faciliter cette mise en relation, la Chambre d’Agriculture du Rhône met à disposition un répertoire dédié, qui recense les exploitations à reprendre et les porteurs intéressés. Toutefois, ces recherches peuvent s’avérer longues ; il est donc fortement recommandé d’engager cette réflexion au moins cinq ans avant un départ prévu.

8. Sécuriser le foncier… et le bâti

Si la sécurisation du foncier reste un enjeu central pour l’installation agricole, celle du bâti l’est tout autant. Logements, locaux de production et de transformation, hangars pour le matériel, bâtiments d’élevage : leur disponibilité, leur réhabilitation et leur adaptation aux besoins actuels conditionnent la viabilité des projets agricoles. Or, la mutation du paysage agricole au cours des dernières décennies a profondément fragilisé cette dimension bâtie en raison des détournements d'usage (résidence) et de leur coût en zone tenue.

9. Accompagner des trajectoires évolutives

Les projets ne sont pas figés dans le temps, mais évoluent et connaissent des étapes successives. Le Courtil de Quincieux en est un exemple : un porteur seul en 2023 devenu un collectif de 6 personnes en 2025, grâce à un portage foncier collectif, une montée en puissance progressive, une diversité d’activités agricoles (maraîchage, apiculture, arboriculture…), et une gouvernance adaptée. Pour permettre ce type de trajectoire, les structures comme la Safer ou la Chambre d’Agriculture du Rhône jouent un rôle clé, en accompagnant les exploitants tout au long de leur parcours.

10. Offrir de vraies opportunités via des Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI)

Les Appels à Manifestation d’Intérêt constituent aujourd’hui de véritables leviers pour favoriser l’installation agricole sur le territoire métropolitain et mettre en visibilité des opportunités d'installations transitoires ou pérennes. Ils permettent de proposer des fonciers disponibles, accompagnés d’un appui territorial fort, et s’inscrivent dans des dynamiques collectives ambitieuses.

Plusieurs AMI sont actuellement ouverts ou en préparation, offrant aux porteurs de projet des occasions concrètes de s’installer dans un cadre sécurisé et porteur de sens.

    • La Ferme de la Morelle, portée par le Syndicat Mixte Plaines Monts d’Or (SMPMO), propose ainsi un site agricole équipé (un séchoir et une miellerie de 70 m² chacun) à destination de porteurs de projet souhaitant développer une activité en lien avec la transformation ou la valorisation agricole. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 8 juin 2025.
    • A Meyzieu, un AMI sera lancé à partir de septembre 2025 pour la mise à disposition de 7 hectares. Ce foncier s’inscrit dans le cadre de la réhabilitation d’un centre commercial. Le projet bénéficie d’une forte mobilisation des partenaires locaux, désireux de faire émerger une nouvelle dynamique agricole au cœur d’un territoire en mutation et de créer un lieu de production au coeur d'un nouveau quartier.
    • A Vénissieux, l’appel à projets agricole du programme Plateau Fertile, dans le cadre du dispositif « Quartiers Fertiles » de l’ANRU, est ouvert jusqu’au 13 juin 2025. La Ville met à disposition une parcelle de 6 700 m², pour développer un projet d’agriculture urbaine contribuant à la transformation du quartier tout en renforçant le lien social, la production locale et l’accès des habitants à une alimentation de qualité.

      Merci à tous les intervenants ainsi que tous les participants d'avoir été à nos côtés pour cette Terre de Rencontres dans la Métropole de Lyon. Entre des échanges inspirants et des discussions passionnantes, ensemble, nous avons partagé des idées pour la vitalité de notre territoire.